"Dans un moment où l’accueil international s’impose comme une nécessité politique et humaine, la vieille Europe se replie sur l’idée de nation. Cette année le Festival ICE veut, à sa mesure, contribuer à ouvrir les frontières, célébrer la solidarité, réanimer nos puissances d’agir. Réunissant une dizaine d’artistes et d’auteurs autour du thème de L’autoportrait au nomade, le Festival ICE propose, au cœur du Pays de Morlaix, une programmation d’envergure internationale et réaffirme son attachement au multiculturalisme. Ébauche d’un monde commun, appel à l’invention et à la liberté, cette année, le Festival ICE invite des artistes, danseurs, écrivains, originaires d’Afghanistan, du Burkina Faso, du Soudan et du Tchad. Sont invité·es, pour la musique Rodolphe Burger et Léonie Pernet, pour la danse Mickaël Phelippeau, Ben Salaah Cisse et Luc Sanou, pour la littérature Mohamed Nour Wana, Hélène Giannecchini et Florian Gaité, pour le spectacle vivant et les arts plastiques Patricia Allio, Kubra Khademi, Sébastien Théry de l’association PEROU, Jérémie Nicolas et Clarisse Tranchard, pour le cinéma le film d'Alexandra Dolz, Derrière les fronts, résilience et résistance en Palestine. Parce qu’il est primordial pour ICE d’articuler le local et l’international et d’inscrire son action dans le territoire, des ateliers participatifs sont proposés. Menés par des artistes invités, ils seront l’occasion, pour tous, de participer à l’élan créateur du Festival ICE, et devenir ensemble des passeur·e·s d’hospitalité"
"Ce duo est pensé comme un portrait croisé de Ben Salaah Cisse et Luc Sanou, danseurs burkinabés que je rencontre en 2014. Deux ans plus tard, nous nous retrouvons dans le cadre d’un festival au Burkina Faso et poursuivons le travail. Nous présentons alors un extrait du duo sur la Place de la femme de Ouagadougou. Cet extrait consiste notamment en une série de porters lents et sensuels, avec une attention portée à la qualité du toucher, du contact, de la peau. Alors que l’accueil est enjoué et bienveillant, le directeur du festival, qui découvrait la proposition, me fait prendre conscience que présenter un duo d’hommes africains dans l’expression de cette sensualité dans un espace public aurait pu être dangereux pour les deux interprètes. Je réalise que Ben et Luc en ont conscience, mais que d’une certaine façon, ils ont souhaité s’exposer à cet endroit.Pour ma part, le duo prend tout son sens ce jour-là car il place ce projet à l’endroit d’une forme d’engagement et d’une inscription dans une réalité, leur réalité, renforcée par un contexte politique tendu au « pays des hommes intègres ».
Leur parcours entre danse traditionnelle africaine et danse contemporaine nous amène à questionner ce qui les forge et les construit. Il est question d’amour, de complicité, de fraternité et d’amitié et entre ces deux hommes, mais également de dualité et de confrontation. La complexité de cette relation est le point de départ de ce projet." Mickaël Phelippeau
Performance de Mickaël Phelippeau avec Ben Salaah Cissé et Luc Sanou
«Cette création est née de plusieurs morts successives, un père, une mère, un amour.
Elles ont initié mes voyages d’où proviennent ces images.
Mon père faisait des photos, il était le seul dans la famille.
Sans doute parce qu’il voyageait beaucoup; il était marin.
Le marin c’est l’abandon.
Le mouvement.
Je suis le fil rouge de ce travail, un matériau premier, malléable, disponible, gratuit.
Les disparitions à partir desquelles il a été réalisé sont aussi à l’origine d’un héritage :
les lettres d’amour de mon père marin, écrites à ma mère
lors de ces dernières années de navigation à bord d’un bateau de pêche.
Qu’est-ce que l’expérience de la mort est en mesure d’offrir?
L’expérience de l’amour peut-elle avoir lieu là où il n’y a aucune possibilité de sauvegarde ?
Jusqu’où l’absence autorise-t-elle que nous fictionnalisions un tel héritage ?
Dans l’incapacité de lire ces lettres, je les ai confiées à mes compagnons de travail
qui en ont sélectionné des fragments en vue d’une recomposition libre.
Les marins font des filles perdues. »
De et avec Clarisse Tranchard et Jérémie Nicolas
Projection et concert de Rodolphe Burger sur l'île de Batz qui reprend pour ICE des morceaux de son album composé avec l'écrivain Olivier Cadiot avec la voix d'habitant·es de l'île de Batz.
De Rodolphe Burger
L'artiste est assise sur une chaise. Elle est habillée en costume noir, ses poitrines, bout et estomac sont remplis de sel marin, représentant d’une femme enceinte. En fait, elle a exagéré sa féminité. Elle est silencieuse et immobile, après certains moments, peut être 5 minutes, de l'eau va commencer à tomber sur sa tête et son corps. Jusqu'à ce que le sel commence à fondre et fonctionne comme sa réaction physique avec de l'eau, en même temps, le sel disparaîtra de son corps et éliminera la forme de son corps.féminine aussi. Elle reste assidûe pendant que l'eau entière tombe sur elle.
De Kubra Khademi
«Alors que ma grand-mère perdait un peu la mémoire et parfois la conscience d'elle même, le lien à la photographie est devenu central pour elle mais aussi pour notre lien. Seules les photographies semblaient la sauver du naufrage : ''Heureusement que quelqu'un a eu l idée de faire des photos, sinon on n aurait jamais rien vu'' m a-t-elle confié un jour». Autoportrait à ma grand-mère est un texte épistolaire constitué de petits chapitres et de photographies. Les textes sont adressés à Julienne Le Breton, la grand-mère maternelle de Patricia Allio, originaire du Morbihan, en Bretagne. Alors que celle-ci perd la mémoire, l'autrice entreprend un dialogue pour évoquer le passé avec elle à partir de photographies, jusqu'à évoquer ce qui sous-tend l'histoire familiale : Qu'est-ce qu être bretonne, sinon être une colonisée de l'intérieur ?
Performance, de et avec Patricia Allio
Avec une lecture/ installation d'extraits de Conspiré, tout autour de Sébastien Thiéry du collectif PEROU
Mohamed Nour Wana, poète Tchadien de l'Atelier des artistes en exil, fera la lecture de ses poèmes sur l'exil.
Pour une critique nomade, carte blanche à Florian Gaité.
«Florian Gaité a suivi de près nos créations quand je travaillais en binôme avec l'artiste Eléonore Weber. J'ai toujours apprécié l'acuité et l'exigence de son regard. Au fil des années, nous avons construit une complicité profonde. J'aime le lire, l'écouter et discuter avec lui. Travaillant sur la notion de plasticité cérébrale il n'a de cesse de questionner les inventions identitaires contemporaines. Au centre, mais aussi en marge et à la lisière. Pour cela, sa présence à ICE axée sur l'autoportrait aux nomades m'a semblée aussi pertinente que précieuse», Patricia Allio .
Lecture de Florian Gaïté
Léonie Pernet partage des extraits de son album et d'African Melancholia, en ouvrant à un exercice funambilique et intime, nous livrant des bribes de correspondance avec son père retrouvé.
Avec une lecture/ installation d'extraits de Conspiré, tout autour de Sébastien Thierry du collectif PEROU Mohamed Nour Wana, poète Tchadien de l'Atelier des artistes en exil, fera la lecture de ses poèmes sur l'exil.