La neuvième édition avait commencé au SEW par un « Autoportrait à la Palestine » et un appel typographique au cessez-le-feu dans toutes les langues par Alphabettes auquel avait répondu la collective Bye Bye Binary. Parce qu’il y a urgence à protester, mais aussi à dialoguer et à pacifier, nous ouvrirons cette année, le vendredi 12 septembre, avec un « Autoportrait à nos réparations » et un concert de Léonie Pernet au Théâtre du Pays de Morlaix. Complice de toujours, présente dès la 1ère édition, et tout au long des dix ans, son nouvel album exprime de manière cathartique nos colères et nos blessures, nous relie à l’autre et à nous-mêmes, mais aussi à l’Afrique, en particulier au Niger. L’ouverture se poursuivra au SEW avec un DJ set de Tony2soirée. À Brest, le samedi 13 septembre, un second parcours dessinera un « Autoportrait au Non Binaire », explorant les potentialités performatives et émancipatrices de la langue et de l’identité. Au Quartz, avec Performeureuses, Hortense Belhôte revisitera l’histoire de la performance sous un angle transféministe, tandis qu’au Centre d'art contemporain Passerelle, H·Alix Sanyas proposera avec la collective belgo-française Bye Bye Binary la visite de l’exposition LEADER PRIDE 2, qui dans sa première version était aussi un espace de fête et de tournage pour son installation-vidéo JE VEUX YN PRÉSIDOL qu'ielle présente aussi dans l'exposition à Passerelle. Le troisième jour, un « Autoportrait aux Entrelacs » nous reliera poétiquement à la Bretagne, à travers l’exploration de récits. Avec Index, Dominique Gilliot nous entraînera dans une déambulation fantasque dans le village de Saint-Jean-du-Doigt, performance créée in situ lors d'une résidence. À Plougasnou, on découvrira Les Aventures de la Narratrice, une lecture musicale des poèmes que la cinéaste Pascale Breton a écrits en dialogue avec son pays natal, mis en musique par Marie Fortuit. La clôture aura lieu au Café Marylène avec le vernissage de Louise Deltrieux, dont le travail revisite des techniques artisanales en lien avec le territoire et le vivant, ici le lin et les algues. Dominique Gilliot reviendra pour chanter ses tubes. Années après années, se sont tissés des liens précieux entre l’ici et l’ailleurs, entre artistes et habitant·es, des constellations d’Autoportraits à se sont formées, qu’avec Florian Gaité nous avons voulu revisiter dans un livre. Autoportrait à : performer les identités relationnelles paraîtra aux éditions brestoises autonomes pour célébrer ces dix ans d’expérimentation. Le lancement aura lieu d’abord au Théâtre du Pays de Morlaix en ouverture de Festival, avec la complicité de la Librairie Les Déferlantes, puis le lendemain à Brest, à Passerelle, en présence de l’éditrice Nathalie Bihan qui accompagne aussi l’impression des programmes de ICE avec son imprimerie Super Banco. Un grand merci aux artistes, aux bénévoles complices, à l’équipe de ICE, à tous nos soutiens institutionnels et fidèles partenaires, à vous qui nous lisez, à toustes celleux qui font de ce rendez-vous un moment si précieux, si spécial et si intense. On a hâte de vous retrouver et de vous rencontrer. Bienvenues à toustes !
[lancement du livre des 10 ans !] Ce livre est le fruit d’un programme de recherche mené par Patricia Allio et Florian Gaité entre 2023 et 2025, soutenu par le dispositif « Recherche en théâtre et arts associés » du Ministère de la culture. Il fédère une communauté d’artistes et de chercheureuses autour du geste d’écriture inau- gural des rencontres de ICE – l’Autoportait à – et du concept qui lui est corellé, l’identité relationnelle. Relevant à la fois de l’essai et du livre d’art, l’ouvrage prend la forme d'une revisitation « critique » et analytique de la programmation des rencontres de ICE.
Autoportrait à : performer les identités relationelles [2025]
de Patricia Allio
& Florian Gaité
aux éditions autonomes [Nathalie Bihan]
Graphisme :
H·Alix Sanyas
[conférence spectaculaire] Cette conférence propose de revisiter l’histoire de la « performance » en danse contemporaine en l’inscrivant dans une histoire mondiale des corps en mouvement. Très vite les bibliothèques ne suffisent plus. Il va falloir se déplacer. Car de la revue nègre de Joséphine au gamelan balinais, le regard sur la performance en France a évolué au cours du XXe siècle au contact des cultures étrangères, dans un cadre colonial et post-colonial qui a pris soin de dissimuler ses sources. Il en est de même pour la généalogie du cabaret féminin et queer, dont la dimension politique a été édulcorée au fil des ans par la culture pop. Comment les liens perdus se recomposent-ils aujourd’hui grâce à la performance ? Et comment les mad studies (études des personnes qui s’identifient comme folles) peuvent venir à la rescousse d’un monde en crise schizophrénique aiguë ?
© Fernanda Tafner
Performeureuses [2022] de Hortense Belhôte
[exposition]LEADER PRIDE 2 présente une série de bannières de Bye Bye Binary qui s'inscrit dans leur démarche de rendre visibles des identités et des langages post-binaires. Présentés une première fois à La Station – Gare des Mines en 2024 comme espace mixte – d'exposition, de tournage et de fête – ces drapeaux ne sont pas de simples objets décoratifs ; ce sont des manifestes flottants. Le drapeau, symbole de pouvoir, d'appartenance nationale ou de groupe, devient un véhicule didactique et performatif. En l'investissant de leurs messages queer, BBB opère une subversion symbolique. Iels détournent un outil de l'hégémonie pour en faire un étendard de la diversité et de la résistance.
© Bye Bye Binary
LEADER PRIDE 2 [2024] de et avec H·Alix Sanyas & Bye Bye Binary
[concert] La musique permet-elle de sortir de ce monde fragmenté et endolori ? Qu'est-ce qui au fond nous empêche de réparer un peu le monde ? Les inquiétudes et la musique de Léonie Pernet accompagnent les rencontres de ICE depuis le début, souvent reliées à d'autres voix que la sienne. En 2016, on avait pu entendre le son de sa darbouka dans l'Église de Saint-Jean-du- Doigt, l'année suivante son Mix Debout, en 2018, des extraits de son 1er album et le récit épisto- laire de ses retrouvailles avec son père nigé- rien, en 2023, la bande originale du film Brûler pour Briller au cinéma La Salamandre. C'est un véritable chemin de consolation qu'elle creuse et offre en partage jusqu'à ce dernier album. Ici encore elle se lie à d'autres, ici le sable est balayé au bord du chemin, grâce à des voyages et des rencontres : les dialogues avec sa grand-mère Nana Fatimata l'attestent.
© Mathieu Zazzo
[installation vidéo] 1992, Zoe Leonard écrit I want a President. L’écriture de ce poème est motivée par l’annonce de l’ami·e de Leonard, Eileen Myles, poètes·se et activiste, de se lancer dans la course à la pré- sidence des États-Unis en tant que candidat·e « ouvertement féminine ». Myles s’est présenté·e contre George Bush, Bill Clinton et Ross Perot. Iel s’identifiait à l’époque comme une femme homosexuelle et venait d’une communauté directement touchée par la pauvreté et le sida. 2024, le poème a été augmenté de nouvelles revendications et traduit en Acadam par la collective Bye Bye Binary pour l'installation-vidéo JE VEUX YN PRÉSIDOL d’H·Alix Sanyas. L’Acadam de BBB propose des suffixes qui permettent de marquer un genre neutre en français (ex : président/e > présidol) ; la possibilité de l'oralisation et de l'incarnation de cette langue post-binaire est au cœur du projet.
© Victor Zébo
[performance déambulatoire] À la suite d'une résidence fragmentée à Saint- Jean-du-Doigt, Dominique Gilliot présentera une performance déambulatoire visant à établir une cartographie sensible destinée aux festivalier·es curieux·ses, aux résident·es accueillant·es. Il s'agit d'arpenter en amont de manière purement instinctive les espaces physiques du village, en utilisant une méthode vieille comme le monde : le récit. L'approche de Dominique Gilliot se veut à la fois candide et informée, s'appuyant sur ce que Donna Haraway a nommé les savoirs situés. Il y aura aussi des chansons, de l'humour, et, osons le mot de la poésie.
© Matthieu Croizier
[lecture-performance] Sur la scène il y aura Pascale, Marie, et la guitare de Marie. Et aussi la Narratrice, la voix-vestige d’un ensemble de longs poèmes que Pascale a écrits dans les années 2000, ici sous la forme d’un diptyque. Premier tableau : l’affolement produit par la découverte de l’Amérique déclenche une identification à l’huître : j'étais à l'intérieur j'étais de l’intérieur / je n'étais rien / j’étais une île j'étais un lambeau de chair / j’ai été une huître. Second tableau : au cours d’une sieste dans son grenier, la Narratrice se laisse aspirer par la somnolence et les cris des goëlands, jusqu’à remonter aux régions de l’enfance.
© Pascale Breton
[exposition & film] Le projet d’exposition Faires accompagne le film Chères faiseuses. Ce documentaire artisanal suit une dizaine de femmes dans le sud de la Creuse dont les activités sont liées à la laine. Le film mêle animation et pellicule 16mm développée avec des révélateurs aux plantes. L’exposition présente les séquences animées du film, mettant en lumière les gestes des protagonistes, ainsi que des travaux antérieurs qui ont amené l’artiste à s’intéresser à ces savoir-faire textiles et artisanaux. Un temps de résidence au Café Marylène permettra de créer de nouvelles pièces en lien avec le fil, inspirées par l’histoire de la culture du lin en Bretagne et les propriétés tinctoriales des algues.
© Louise Deltrieux